Gwydion Conteur traditionnel
Nombre de messages : 49 Date d'inscription : 09/08/2005
| Sujet: Dolor Sanguinis Sam 26 Nov à 0:29 | |
| Encore sombre. Mais ça fait du bien. Dolor Sanguinis Maman, Je t’écris, je ne sais même pas pourquoi. Je t’écris, la feuille posée sur un bureau que tu ne verras jamais, d’une main que tu ne tiendras jamais plus dans la tienne. Je crois que cette lettre n’est qu’une part rescapée de ton enseignement d’autrefois. Je crois qu’elle n’est qu’une façon de te prouver que je t’ai obéie et que tu m’as étouffée. Tu sais, Maman, tes grands discours, à chaque réunion de famille, pour me rabaisser, pour me prouver à quel point je n’étais qu’un objet que l’on déplaçait, que l’on jetait par terre, que l’on détruisait par la simple force de ses mains. Je me souviens t’avoir toujours haï, t’avoir toujours détestée pour le simple fait que tu étais vivante, plus vivante que moi. Et plus libre. Je me souviens de ton mari, soumis à toi, à tes actes, à tes paroles assassines, répétant chaque jour ce que tu me disais. Je ne crois pas qu’il m’ait battue de sa propre volonté, il n’en aurait pas été capable. Une larve n’est pas capable de frapper. J’ai encore une marque, sur la jambe, une cicatrice rougeâtre, le sang de ta déchirure. J’avais fait tomber ton vase préféré. Tu m’avais poussée. C’était un couteau que tu avais pris, un long couteau de cuisine. Je me suis enfuie, j’ai couru vers ma chambre que tu avais fermée à clef. Je revois encore ton grand sourire, tes dents pointées sur ma silhouette frêle, collée contre la porte, cherchant le refuge dans ta pitié. Mais tu n’en avais pas, tu n’en as jamais eu, n’est ce pas ? Tu as coupé ce qui se présentait, la cuisse d’une gamine de sept ans. Je n’avais pas vu la claque arriver, j’avais mis trop de sang sur ta belle moquette. Il ne s’enlèverait pas, disais-tu, il faudrait des mois avant qu’on ne la voit plus. Et pourtant, mes petites mains en sont venues à bout en quelques heures. Ton regard, à cette époque, m’avait effrayée, je ne croyais pas à mon mal mais je ne croyais pas au tien non plus. C’était normal, je m’habituais. La solitude n’arrangeait rien, tu en profitais pour jouer l’ignorance et je ne mangeais pas, c’eût été trop te demander. Pourquoi ai-je été ta fille ? Pourquoi as-tu hérité de cet être invivable, insupportable, que tu gardais pour ne pas empoisonner le monde entier de ma présence ? J’entendais cette phrase à chaque fois que tes yeux se posaient sur moi, tu en faisais un divertissement que tout le monde devait apprécier. Je restais, la tête baissée, comme une bête de cirque, insensible. Ta chère sœur, aussi, j’avais neuf ans lorsque je l’ai vue. Elle te ressemblait je crois, elle avait la même taille, la même forme de visage, la même cruauté. Lorsqu’elle parlait de moi, je devenais son nouveau jouet et tout le monde riait. Si j’avais la maladresse de verser une larme, on riait plus fort. Si jamais je tentais de fuir, on me retenait et on continuait. Parce que vous étiez lâches. Parce que vous n’êtes encore que des lâches. Je sentais tous ces sous-entendus lorsque vous discutiez, jamais vous n’auriez oser vous engueuler vous-mêmes. Les conséquences pouvaient être trop lourdes. Tu vois, Maman, je suis seule, depuis des années. Peut être as tu gagné, peut être as tu enfin réussi ce que tu voulais faire de moi. Tu restes au fond de mes viscères, toujours prête à me remettre sur ta voie. Je te sens encore, déchirant peu à peu mon âme, de l’intérieur. Mais je sais ce que tu fais. J’ai pris conscience de tes actes après avoir été bercée dans un océan d’ignorance. Je suis vide. Tu as extirpé ma chienne de vie, cette existence à tes côtés qui t’était détestable. A présent, tu me remplis. Tu combles le néant que tu as créé. Et je reste, encore, vomissant ma docilité, ma dépendance, ma servilité. Je reste dans ce monde qui n’est pas le mien, je me surprends à penser de véritables rêves. Et là, tu me frappes, ne me laissant jamais le temps de réfléchir. Tu me laisses plonger dans ma déchéance et tu goûtes mon agonie de la place que tu t’es offerte en mon corps. Je paye ma mise au monde, ta propre douleur sûrement. J’assume ta lâcheté, tes faiblesses. Je suis ta catharsis, la solution de ta misérable vie et tu te plais à me contempler, à te contempler, te transformant selon tes désirs, te cachant en moi pour rester forte devant les autres. Mais je ne dois toujours pas pleurer. Si mes doigts tremblent, ces feuilles te le montreront et je redeviendrai la gamine que j’ai toujours été. Je ne veux pas. Je m’acharne à vivre, tu m’as appris à crever. A bientôt. | |
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Gwydion Conteur traditionnel
Nombre de messages : 49 Date d'inscription : 09/08/2005
| Sujet: Re: Dolor Sanguinis Lun 5 Déc à 0:18 | |
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Taya Grand Manitou de la Guilde des Mangeurs de Nutella
Nombre de messages : 256 Citation : La vie est trop courte ... mieux vaut en profiter un max Date d'inscription : 07/07/2005
| Sujet: Re: Dolor Sanguinis Mer 7 Déc à 16:09 | |
| désolé je comptais le lire ;. j'avais oublié .. j'étais en plein sur hitler .. because j'ai eu un controle hier ...
sinon là je l'ai lu .... et là j'ai faillit pleurer ..... c'est vraiment tres bien écrit et sa fait tourner le ventre et remplir la gorge de larmes .....
en le rpenant juste comme une mini 'nouvelle' je dirais que c'est tres tres bien écrit sinon je dirais juste que ça m'a pris au ventre et à la gorge ...... snif .. | |
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Gwydion Conteur traditionnel
Nombre de messages : 49 Date d'inscription : 09/08/2005
| Sujet: Re: Dolor Sanguinis Dim 11 Déc à 18:29 | |
| Merci beaucoup Taya. ? | |
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| Sujet: Re: Dolor Sanguinis | |
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